Le Chanvre à Travers les Âges
A travers des vestiges des civilisations antérieures, les historiens ont su démontrer que le chanvre a su trouver parfaitement sa place parmi les peuples. En effet, l’Homme et le progrès ont pu mettre en lumière les propriétés avantageuses de cette plante notamment dans sa transformation en différents matériaux (textiles, cordages, isolation,…) mais également ses vertus dans l’application thérapeutique.
NEOLITHIQUE
Plusieurs études archéobotaniques récentes suggèrent une apparition du chanvre dans certains foyers préhistoriques au même moment, à la fois au Japon et en Europe de l’Est entre il y a environ -11.500 et -10.200 ans. Il s’agirait d’une des premières plantes domestiquées par l’homme, probablement tout à la fois pour ses fibres solides, ses graines oléagineuses nourrissantes et les propriétés médicinales de sa résine. Des fouilles archéologiques montrent que durant un court laps de temps, à la fin de la dernière ère glaciaire, deux groupes humains ont commencé à cultiver et utiliser, indépendamment, cette nouvelle plante, le cannabis.
MOYEN AGE
L’émpereur Charlemagne va fortement encourager la culture du chanvre. Il s’agit alors d’une denrée stratégique, gage de prospérité, en raison des nombreuses utilisations permises par sa fibre : vêtements, cordages, voiles. À la même époque, les Arabes apprennent de prisonniers de guerre chinois le secret de la fabrication du papier, après la bataille d’Atlah. Celui-ci est obtenu à partir d’écorce de mûrier et de fibres de chanvre. Une seconde vague de diffusion de la culture du chanvre accompagnera donc les invasions arabes, en Afrique du Nord, puis en Espagne, en France, en Sicile.
C’est en terre d’Islam qu’est édictée la première interdiction concernant le cannabis : en 1378, l’émir Soudoun Sheikouni interdit la culture du cannabis en Égypte, à Joneima, et condamne ceux pris en train d’en consommer à avoir les dents arrachées;
TEMPS MODERNES : L’APOGEE DU CHANVRE
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les puissances européennes se disputent la suprématie navale et le contrôle des points de passage stratégiques, alors que les échanges maritimes intercontinentaux sont en plein essor.
Les navires sont alors propulsés par la seule force du vent. Le chanvre est utilisé pour fabriquer les cordages, les câbles, les échelles et les haubans, ainsi que les voiles. « Un navire de taille moyenne utilise 60 à 80 tonnes de chanvre sous forme de cordages et 6 à 8 tonnes sous forme de voile, par an. », relève le professeur agrégé d’histoire Serge Allegret.
Le chanvre a donc pendant cette période la place d’un matériau stratégique, au même titre que le charbon quand apparaîtront les machines à vapeur ou le pétrole aujourd’hui.
En France, Colbert crée en 1666 la corderie royale associée à l’arsenal de Rochefort sur Mer, et réalise un important travail pour sécuriser l’approvisionnement en chanvre national.George Washington, premier président des États-Unis d’Amérique, en cultivait sur sa plantation, comme en témoigne son journal.
En 1794, il donne l’instruction suivante à ses hommes : « Prenez le plus possible de graines de chanvre indien et semez-en partout. » (Make the most of the Indian hemp seed and sow it everywhere).
EPOQUE CONTEMPORAINE: LA PROPAGANDE
Victime d’une tentative d’assassinat par un Égyptien en état d’ivresse cannabique, au cours de la Campagne d’Égypte, Bonaparte édicte le 8 octobre 1800 un décret interdisant dans toute l’Égypte l’usage du hachisch.
Dans les Caraïbes anglophones, l’usage psychotrope du cannabis serait selon certains auteurs une conséquence de l’abolition de l’esclavage en 1833. Celui-ci aurait été importé avec la main-d’œuvre indienne destinée à remplacer les anciens esclaves noirs dans les plantations de canne à sucre. Main d’œuvre qui emmena dans ses bagages des graines de chanvre indien. Le nom donné aux Indiens fut coolie et, aujourd’hui encore, les rastas utilisent notamment le terme coolie weed (« herbe de coolie ») pour évoquer le cannabis.
Au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle, le cannabis sous forme de teinture était un produit pharmaceutique courant. Au XIXe siècle, le cannabis était utilisé en Occident pour ses vertus médicinales, sous forme de teinture (extrait alcoolique).Dans la vieille Europe comme aux États-Unis, cette teinture était l’un des médicaments les plus vendus par les officines de pharmacie. Mais, à la fin du XIXe siècle, son succès commença à décliner, suite à l’apparition et au fort succès d’autres médicaments tels que l’aspirine.
Aux États-Unis, durant les années 1920 et 1930, le cannabis envahit le marché noir, devenant très populaire. Face à ce succès grandissant, mais surtout dans un contexte d’échec de la politique de prohibition de l’alcool, le lobby puritain s’intéresse au cannabis et les autorités mettent en place des campagnes dites de sensibilisation avec des slogans tel que Marijuana is Devil sur fond de diable enflammé.
La police des stupéfiants de La Nouvelle-Orléans impute aux consommateurs 60 % des crimes commis dans la ville. Il s’agit d’une véritable entreprise de propagande, qui trouvera des alliés dans le lobby de l’industrie du coton, dans celle de la chimie (dont les lobbys du nylon et du pétrole) et dans une partie de la presse, dont les patrons ont des intérêts forestiers importants (entre autres le magnat de la presse William Randolph Hearst). Cette campagne appuiera son argumentation sur le racisme ambiant, en combinant le dégoût des « nègres », de leur musique (le blues et le jazz) et les ravages fantasmés du cannabis (folie meurtrière, dégénérescence, etc.).
Ainsi dès 1925, la convention internationale de Genève est acceptée par la plupart des pays du monde s’engageant à se battre contre le trafic de drogue. Parmi eux, la Turquie et l’Égypte veulent déjà inclure le cannabis dans la convention, avançant que sa consommation est à la base de la débilité humaine.
LA DECOUVERTE DES CANNABINOIDES
Près d’un siècle après la publication d’une étude par O’Shaughnessy, les progrès de la recherche et de la technologie ont révélé la présence de composés dans la plante de cannabis.
La première découverte d’un cannabinoïde isolé a été faite lorsque le chimiste britannique Robert S. Cahn a signalé la structure partielle du Cannabinol (CBN) au début des années 30.
En 1940, le chimiste américain Roger Adams est entré dans l’histoire en réussissant à isoler le premier cannabinoïde, le cannabidiol (CBD). Il est ensuite parvenu à synthétiser le CBN à la suite de travaux de Cahn. Ses recherches sont également responsables de la découverte du tétrahydrocannabinol (THC).
LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE S’INTERESSE AU CBD
Pendant les premiers stades de la recherche sur le cannabis, les scientifiques avaient une connaissance limitée de la structure des cannabinoïdes et une compréhension seulement partielle de la composition biologique contenue dans la plante. Pour cette raison, les premiers chercheurs n’ont pas pu déterminer avec précision quel composé provoquait quel effet.
Le Dr Raphael Mechoulam a fait la première percée vers la compréhension des effets des cannabinoïdes individuels en 1963 lorsqu’il a réussi à identifier la stéréochimie du CBD. Un an plus tard, Mechoulam a fait une autre percée et a découvert la stéréochimie du THC, qui a révélé la relation directe entre les cannabinoïdes et les effets euphoriques associés à la consommation de cannabis.
Au fur et à mesure que la recherche progressait, une victoire historique s’est produite lorsque le Nouveau-Mexique a adopté la loi de 1978 sur la recherche thérapeutique en matière de substances contrôlées, un projet de loi qui reconnaissait légalement la valeur médicinale du cannabis.
L’élan s’est poursuivi au cours des années 1980 alors que le Dr Mechoulam et son équipe ont mené une étude sur l’application potentielle du CBD pour le traitement de l’épilepsie en tant qu’hypnotique. Dans l’étude, Mechoulam et son équipe ont administré des doses quotidiennes de 300 mg de CBD pour étudier un groupe de 8 sujets. Après seulement quatre mois de traitement, la moitié des sujets ont cessé d’avoir des crises et les autres ont présenté une diminution de la fréquence de leurs crises.
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